RMS TITANIC

Il y a 101 ans, en ce jour le Titanic attendait à quai de Southampton, le départ pour son voyage inaugural.
Départ prévu pour le Mercredi 10 Avril 1912 à 12h00.
Quelques jours auparavant, le navire avait été décoré pour le Vendredi Saint.



Le navire venait juste d'obtenir son certificat de sécurité, délivré par Francis Caruthers du Ministère Britannique du Commerce juste quelques jours auparavant, lors des essais en mer en mer d'Irlande.
Après 5 ans de construction dans les Chantiers Navals de Harland & Wolff à Belfast, le navire était fin prêt à partir.


Des questions?

(je posterai des infos en fonction des jours)

Très bien cette nouvelle rubrique,
Personne n'a parlé de ça, même au info.

Ils en ont parlé l'année dernière juste parce que c'était le centenaire et que pour l'occasion le film de Cameron sortait en version 3D...
Mais autrement zéro...

Je pense qu'il est important de se souvenir de l'Histoire...(et d'ailleurs on a constaté que la leçon n'avait pas vraiment été retenue avec le naufrage du Concordia....)

D'accord avec toi.

Les leçons sont elles vraiment retenue ?^^

Sinon petite questions qui me viens à l'esprit.
Il était vraiment fait pour allez faire mu-muse avec des glaçons ?

La tradition était de foncer à pleine vitesse au beau milieu de l'Atlantique jusqu'à ce qu'on aperçoive les blocs de glace. L'hiver avait été exceptionnellement doux cette année là, et les icebergs avaient dérivés plus au sud que la normale.
Le capitaine Smith (comme bien d'autres commandants d'ailleurs) a décidé de prendre la route utilisée en hiver, qui passe plus au nord et qui est donc plus courte, pour faire un trajet moins long. de plus, avec un navire réputé comme (quasiment) insubmersible, quel était le danger? Les hommes étaient trop sûrs du navire, convaincus que l'homme venait définitivement de battre la Nature...

C'est une accumulation de conditions malchanceuses qui a mené à la tragédie, et qui a mis le navire au fond de l'eau:
-un acier cassant aux basses températures, trop riche en sulfure de manganèse, donc de mauvaise qualité
-une nuit sans lune (mauvais éclairage)
-une mer d'huile (pas de vagues à la base des icebergs pour les repérer plus tôt
-une vitesse trop élevée (quasiment 22 nœuds [environ égal à 40 km/h], presque un record pour l'époque!)
-des veilleurs de nuit sans jumelles (perdues depuis le départ, donc ne pouvant pas reposer leurs yeux gelés par le froid et le vent relatif dû à la vitesse du navire)
-une erreur de navigation (j'approfondirai plus tard, car le sujet est complexe et débattable)

J'en viendrai au naufrage dans la soirée du 14 au 15 Avril...

Je savais bien que j'allais en apprendre plus avec toi!

Vraiment intéressant tout ça!

Et j'espère apprendre de vous aussi!

Le RMS Titanic est arrivé à quai de Southampton pour son voyage inaugural le 3 Avril peu après minuit...
Caractéristiques du navire:

Longueur: 269,06 m.
Largeur: 28,19 m.
Tonnage: 46 329 tonnes de jauge brute
Ponts passagers: 7
Chaudières: 29, équipées de 129 foyers
Machines: 2 machines alternatives à vapeur (30 000CV) pour les 2 hélices latérales et 1 turbine à vapeur basse pression (16 000CV) pour faire tourner l'hélice centrale
Vitesse de croisière: 21 nœuds, maximum de 23/24 nœuds
Capacité: 3046 passagers et 944 membres d'équipage
Canots: (le Titanic avait plus de canots que la réglementation ne l'exigeait, contrairement aux idées reçues)
16 canots + 4 radeaux pliables (capacité totale de 1178 personnes)


Mercredi 10 Avril 1912:

7h30: l'équipage embauché la semaine précédente prend ses fonctions sur le Titanic. Les vivres sont déjà embarquées, en quantités phénoménales!

Spoiler:

Le charbon, rapatrié d'autres navires appartenant à la compagnie et au holding de celle-ci (IMM), à cause d'une grève des mineurs au Royaume-Uni, avait été chargé (à la main!) les jours précédents, et le navire avait donc été nettoyé de fond en comble.

9h30-11h: les passagers de 2ème et 3ème classe embarquent

11h30: le Train-paquebot arrive de Londres, les passagers de 1ère classe montent à bord et sont conduits dans leurs cabines

12h00: le Titanic fait résonner dans l'air du port ses sifflets de bronze 3 tons (une première^^), et escorté par plusieurs remorqueurs, déhale et embouque la rivière Test. La succion provoquée par son passage fait rompre les aussières (câbles d'acier de 10 cm de diamètre!!!) du paquebot New-York amarré à un quai et le fait dériver vers le Titanic. Après un moment de panique sur la passerelle, une action rapide d'un des remorqueurs permet d'éviter un abordage à 2 mètres près! Mais le Titanic prend déjà un retard conséquent du fait de l'incident...

18h30: après une rapide traversée de la Manche, le Titanic arrive en rade de Cherbourg. A 20h, tous les passagers ont embarqué, et la paquebot entame sa route vers Queenstown (aujourd'hui Cork) en Irlande, sa dernière escale avant New-York...

Jeudi 11 Avril 1912

11h30: le Titanic mouille devant Queenstown. Là encore, comme à Cherbourg, le port est trop peu profond pour accueillir l'énorme navire, donc le Titanic est amarré plus loin (3,2 km plus loin). Il est relié au port par 2 transbordeurs, l'America et le Ireland (à Cherbourg 2 transbordeurs construits spécialement pour le Titanic, le Nomadic* et le Traffic ont fait ce travail).
120 passagers supplémentaires embarquent (et 1 385 sacs postaux en plus), en grande majorité des émigrants irlandais partant refaire leur vie en Amérique (à noter qu'à Cherbourg ont embarqué Molly Brown, qui deviendra célèbre avec le naufrage, et John Jacob Astor et sa femme, le couple le plus riche de tout le navire).
Débarque ici le Père Frank Brown, à qui l'on doit les dernières photographies du Titanic (un riche passager lui avait proposé de lui payer le voyage jusqu'à New-York, mais ses supérieurs de l’Église ont refusé... Mieux pour lui^^).
Un chauffeur décide de faire une blague aux passagers, en surgissant couvert de suie par la dernière cheminée. Bien entendu, cette cheminée est factice, et sert uniquement à la ventilation (et le chauffeur le sait parfaitement), mais certains passagers sont troublés par cette vision, et vont plus tard (au même titre que la presque-collision à Southampton) comme un des nombreux mauvais présages...

13h30: l'ancre est relevée, le Titanic entame son premier (et dernier) voyage vers New-York.
A son bord, 2 206 passagers et 870 membres d'équipage...

(J'ai oublié de préciser la petite astérisque^^ Je le fais ici)

*(cf Nomadic: je souhaite signaler ici que le Nomadic est à ce jour le dernier navire en lien avec le Titanic qu'il nous reste. L'Olympic a été envoyé à la ferraille en 1935 [j'approfondirais plus tard] et le Britannic [le 3è "sister-ship"] a coulé en Mer Égée pendant la Première Guerre Mondiale [j'approfondirais aussi plus tard])...
Après avoir été transformé maintes fois, avoirs servi à l'évacuation de Dunkerque en 1940, et avoir rouillé pendant des années dans le port de Cherbourg, le Nomadic a finalement été racheté il y a quelques années par le Musée du Titanic (tout neuf) de Belfast, lieu où le Titanic (et le Nomadic par ailleurs) a été construit. Il occupe actuellement une des cales ayant servi justement à la construction des liners géants, où il est en train d'être rénové et reconstruit à l'identique à 1912...

Photos:

Spoiler:

)

Vendredi 12 Avril 1912:

Premier jour de la traversée de l'Atlantique sans aucune escale.
Rien de spécial à signaler, tout à bord se déroule normalement, routine tranquille.
Les activités du bord, les fêtes et les dîners rythment la vie des passagers.

Les Premières classes bénéficient du meilleur confort sur le plus grand navire du monde: piscine (chauffée s'il vous plaît, une première sur un navire! Et elle pouvait même être vidée en cas de tempête!) au pont F, bains turcs et électriques (équivalent d'un spa), ponts promenades (pont A et principal) avec des chaises longues pour s'étendre et commander au stewards de pont des boissons chaudes, bibliothèque, salon de thé dans le Lounge de première classe, fumoir pour ces messieurs, salle à manger normale (la plus grande pièce du navire au pont D, [ouverte pour les femmes jusqu'à 23h30 et pour les hommes jusqu'à minuit], desservie par le magnifique Grand Escalier, chef-d’œuvre architectural), Café Parisien (au pont B à l'arrière), Restaurant à la Carte (derrière le fumoir, avec des stewards spéciaux provenant de chez "Gatti" à Londres), etc...

Les Secondes classes sont mieux logées que les Premières classes des autres navire, et bénéficient eux aussi d'un fumoir, Salle à manger, Bibliothèque, etc...

Les Troisièmes Classes bénéficient d'un confort supérieur au secondes classes des autres compagnies, avec une Salle à manger (meublée de chaises individuelles et non de longs bancs rivés au sol), de cabines (au lieu de dortoirs communs), etc... Pour la plupart des passagers de 32è classe, c'est le premier contact avec l'eau courante, ou même l'électricité!

Le temps est idyllique: ciel bleu, vent léger, mer calme.
Rien ne laisse présager que sur l'Atlantique, tous les navires rencontrent de sérieux problèmes!
En effet, l'hiver a été très doux au Groenland, et de larges icebergs, growlers (petits icebergs) et autre bande de glace ont dérivé assez loin au sud, et en grande quantité.
La passerelle du Titanic commence à recevoir quelques avis de glace, même si la radio est très majoritairement réquisitionnée pour envoyer des télégrammes privés pour le compte des riches passagers*. D'ailleurs, les radiographistes Jack Phillips et Harold Bride (tous deux employés par la société Marconi [comme tous les radiographistes de l'époque], qui a inventée la radio sans fil) ont enfin réussi à réparer la radio, qui bien que toute neuve, avait connu quelques défectuosités le jour précédent.

*A cette époque, la radio n'était pas vue uniquement comme un moyen de communication d'urgence. On se disait qu'il y aurait toujours un navire proche pour secourir un autre en détresse. La radio était monopolisée pour l'envoi de messages privés, via un réseau de câbles sous-marins, ou bien de navire en navire....


Le navire continue sa route...

Samedi 13 Avril 1912:

Temps calme. La traversée est un véritable rêve sur ce palace flottant.
Dehors, le temps commence à se rafraîchir sérieusement, puisque le paquebot approche de la zone des glaces...

Tandis que les passagères de Première prennent le Thé (à 17h bien sûr^^) dans le salon de réception au Pont D, juste entre la Salle à Manger et la Grand Escalier, M. John Bruce Ismay, directeur général de la White Star Line, qui voyage seulement en tant que passager (soit-disant), suggère d'une voix forte au commandant (M. Edward John Smith, 46 ans d'expérience en mer) de pousser un peu plus les moteurs, afin d'arriver plus vite à New-York.

Ce voyage inaugural du plus gros paquebot du monde (le Titanic étant plus lourd que son sister-ship l'Olympic) marque le sommet de la carrière de Smith, dont c'est le dernier voyage, puisqu'il a prévu de prendre sa retraite à l'arrivée à New-York. Cette traversée est l'occasion rêvée de finir sur un exploit pour lui, et d'arriver à New-York le Mardi 16 Avril au soir, au lieu du Mercredi 17 au matin (le voyage retour du navire était prévu au départ de NY le Samedi 20 Avril).
La question ayant été soulevée sur un autre forum, mes recherches me permettent d'affirmer qu'une arrivée plus tôt ne pose aucun problème de logement sur place. Ceux qui veulent descendre du paquebot en auraient la possibilité, et seraient débarqués avec leurs bagages, avec ensuite le choix d'un hôtel sur place. Ceux ne voulant pas descendre seraient hébergés sur le navire (avec service du petit-déjeuner à bord le lendemain matin, selon la politique de la White Star).

La passerelle du navire est très calme, comme à l'habitude. Un dicton de l'époque disait qu'il n'y avait rien de plus calme que la passerelle d'un navire de la White Star, à part la morgue. C'est sûrement vrai aussi aujourd'hui, et pour cause...
L'équipage des officiers était la crème de la Marine Marchande. Aucun des officiers n'était ambitieux au point d'espérer commander son propre navire un jour. Il y a eu quelques changements avant le départ à Southampton, avec le Second et le Premier Officier rétrogradés à Premier Officier et Second Officier, dû à l'arrivée d'un nouveau Commandant en Second, à la demande expresse de Smith. Malheureusement, cela signifiait pour celui qui était à l'origine Second Officier qu'il ne ferait pas la traversée. C'est donc à regret que David Blair avait débarqué du navire à Southampton, emportant avec lui par mégarde la clé du placard des jumelles, ce qui jouera un rôle crucial par la suite...

Le nouvel équipage de navigation était donc composé de la façon suivante:

-Edward John Smith, Commandant (périra dans le naufrage)
-Henry Tingle Wilde, Commandant en second (périra dans le naufrage)
-William MacCaster Murdoch, Premier Lieutenant (périra dans le naufrage)
-Charles Lightoller, Second Lieutenant
-Herbert Pitman, Troisième Officier (périra dans le naufrage)
-Joseph Boxhall, Quatrième Officier (périra dans le naufrage)
-Harold Lowe, Cinquième Officier
-James Moody, Sixième Officier (périra dans le naufrage)

Le Titanic emportait également avec lui le "Groupe de Garantie Constructeur", un groupe de 8 hommes, choisis parmi les meilleurs des 14 000 ouvriers qui avaient aidé à construire le navire, dont la mission était de traquer les moindres défauts du navire pour les corriger au plus vite.
Ce groupe comportait notamment Thomas Andrews, chef Architecte du navire, et neveu du Directeur des Chantiers Navals qui avaient construit le Titanic; Rodrig Chisholm, chef Dessinateur du projet; Alfie Cuningham (21 ans), "Apprenti de l'Année" des Chantiers Navals, et tant d'autres...
Aucun des membres de ce groupe ne survivra à la tragédie...

Le navire file toujours sur l'Atlantique, à pleine vapeur, malgré le froid et les avis de glace de plus en plus nombreux.

Merci pour ces info Cola, je rebondit sur t'as réponse que tu m'avais donnée,
je suis tombé sur une petite carte du trajet du Titanic, j’aurais pensé qu'il voyageais plus au nord,
je sais pas pourquoi^^

Plus au nord aurait signifié renter à coup sûr dans la banquise...

Le Titanic ne pouvait pas faire comme les avions et survoler le Pôle pour rendre le trajet moins long!

Dimanche 14 Avril 1912:

Encore une belle journée en perspective. Le temps est toujours aussi calme. Les passagers profitaient des promenades extérieures, malgré le froid, pour prendre l'air.
Le matin, le Commandant Smith célébra un office anglican dans la salle à manger des Premières, tandis que l'assistant au Commissaire de bord (Hugh MacElroy) faisait de même au salon de Seconde classe, et que le Père Thomas Byles (mort en "martyr de l'Eglise" dans le naufrage) célébrait une messe catholique d'abord dans le Salon de Première classe puis pour les Troisième classe, dont la majorité d'émigrants irlandais étaient de confession catholique.
Un exercice de sauvetage, prévu juste après la messe, est annulé, le Commandant prétextant la météo, mais il est plus probable qu'il n'ait pas voulu déranger ses passagers pour une chose aussi futile qu'improbable: après tout, la paquebot était insubmersible!
On laisse entendre qu'un exercice de vitesse aura lieu le lendemain...

A la radio, de plus en plus d'avis de glaces émanant d'autres navires arrivent; à 9h un du Caronia (Cunard); à 11h40 du hollandais Noordam, à 13h42 du grec Athinai par le biais du Baltic (White Star). Ce dernier message, au lieu d'être affiché directement dans la salle des Cartes derrière la passerelle, fut donné par Smith à Ismay, qui le glissa dans sa poche et le montra à une passagère plus tard, d'un air de dire "Comme si un bout de glace pouvait nous couler..."
En tout, 7 messages arrivèrent pour prévenir le Titanic des étendues de glaces vers lesquelles il se dirigeait, mais néanmoins cela n'incita pas le Commandant Smith à ralentir. Au contraire, il fit allumer les dernières chaudières et le paquebot accéléra à presque 22 nœuds, soit presque sa vitesse maximale (23 nœuds ayant été atteints lors des essais en mer de Belfast avant la traversée).

A 17h50, le Commandant Smith modifie légèrement le cap du navire et s'oriente un peu plus au Sud, sans doute pour tenter d'éviter les glaces dérivantes qui viennent du courant du Labrador...

Ce soir là, c'est le plus grand repas de Première organisé sur la navire depuis le départ, un banquet somptueux, avec pas moins de 7 services, servis dans la magnifique vaisselle du navire. Il était de tradition que les serveurs servent un peu de tout aux passagers, le tout toujours accompagné de Chamapgne, de vins rouges des plus grands crus Français,etc...

Voici le Menu de Première ce soir là:

Menu

Petits canapés, Saumon, Foie Gras, Caviar ( Champagne )
Hors d'oeuvre variés, Huîtres à la Russe (Champagne)
Crème d'Orge
Consommé à la Olga
Saumon sauce Mousseline, Concombres


Filet Mignon a la Lili
Sauté de Poulet à la Lyonnaise
Légumes à la Moelle Farcie
Agneau sauce Menthe
Rôti de Canard avec sauce à la Pomme
Faux-filet de Bœuf avec Pommes de terre du Château
Petits Pois-Carottes à la Crème, Riz
Hachis Parmentier et Pommes de Terre à l'eau
Pommes Duchesse rôties sauce Citron
Canard à l'Orange, Purée
Asperges à la Vinaigrette
Soupe de Homard
Poulet à la Windsor, Pommes Duchesses


Gâteau Waldorf
Éclairs au Chocolat
Crème Glacée Vanille à la Francaise (différente de celle à l'américaine)
Glace à l'Américaine Citron et/ou Fraise
Éclairs Vanille
Fromages, Fruits (rappelons que dans la culture anglo-saxonne, le Fromage vient après le Dessert)
Café, Thé
Cigares (plus de 8000 à bord!) et digestifs ([pour hommes] en général Cognac, Whisky, etc...)

La mer est calme, sans vague (très inhabituel sur l'Atlantique), donc ne forme pas de vagues à la base des icebergs. La nuit est claire, mais sans lune (donc pas de lumière qui se réfléchit sur les icebergs), et la visibilité est relativement bonne. Dans le nid-de-pie, les veilleurs sont dépourvus de jumelles, puisque la seule paire disponible se trouve sur la passerelle et que le placard des jumelles n'a plus de clé (débarquée à Southampton par mégarde).
Pendant ce temps, la température chute dramatiquement, passant de 6,1°C à 19h à 0,5°C deux heures plus tard. Charles Lightoller ordonne une surveillance accrue des icebergs et fait surveiller les caissons d'eau douce pour ne pas qu'il gèle. Sans qu'il le sache, ce froid dangereux de l'océan fragilise les plaques d'acier et les rivets du navire...

A 22h, changement de quart: la passerelle est aux ordres du Premier Officier William Murdoch, un jeune prodige maritime (la White Star n'avait embauché que la crème de la crème), le seul officier du navire a avoir réussi ses examens du premier coup. Il est épaulé par le Sixième Officier James Moody, et le Quartier-Maître Hichens, à la barre.
Dans la Salle de Radio, Phillips et Bride commencent le travail d'envoi des messages privés à Cape Race, puisque la nuit la portée de cette station de Terre-Neuve passe de 650 km à près de 1950 km...
A 23h, le dernier avis de glace (la dernière chance du Titanic), est transmise par Cyril Evans, officier Marconi du Californian, un Cargo de la Leyland (appartenant à IMM), qui est bloqué par les glaces pas très loin du Titanic (pendant longtemps on a cru qu'ils étaient assez proches du Titanic pour lui venir en aide, mais d'autres études par la suite ont démontré que ce n'était pas le cas; cette histoire ruinera quand même la carrière de Stanley Lord, la Commandant du Californian). Mais Phillips, trop occupé à transmettre à Cape Race, lui demande de ne pas interférer et de fermer sa gueule.
Evans, soucieux de transmettre une information importante, essaiera de transmettre pendant 25 minutes, mais Phillips continuant avec Cape Race, il finira par éteindre la radio et aller se coucher. Trop tôt pour savoir que le Titanic est en détresse, le Californian n'apprendra la nouvelle que le lendemain matin, trop tard...

23h30: A 15 mètres au-dessus du gaillard d'avant, soit 32 mètres au-dessus de la surface de l'eau, les veilleurs Reginald Lee et Frederick Fleet, veilleurs expérimentés, aperçoivent une nappe de brouillard à l'horizon, mais ne discernent rien de précis. Leurs yeux sont à nu puisqu'ils n'ont pas de jumelles, et le froid piquant rend la tâche difficile.
Mais soudain, à 23h40, Fleet repère une forme sombre juste sur la trajectoire du navire. La cloche de cuivre du nid-de-pie retentit 3 fois, puis Fleet appelle la passerelle par téléphone. C'est Moody qui lui répond. "Iceberg droit devant" hurle Fleet. Murdoch mis au courant de la situation par Moody ordonne immédiatement de faire virer le navire "Tribord toute!" [à cette époque les ordres de la barre sont inversés; ainsi tribord toute signifie faire virer le navire à bâbord].
Puis il actionne immédiatement les télégraphes de pont (ou chadburns): Stoppez les machines, puis en arrière toute!

[C'est là une grave erreur: en ralentissant le navire en plein virage, celui-ci perd sa capacité à virer et dérive! De plus, il aurait mieux valu avoir une collision frontale: même de plein fouet, l'avant du navire aurait été complètement détruit, mais les compartiments étanches n'auraient pas été inondés, les portes étanches auraient assuré leur rôle correctement. or, une collision de côté était le talon d'Achille du navire, ses côtés étant extrêmement longs et vulnérables... Le Titanic aurait ensuite pu se propulser en marche arrière vers New-York, au besoin escorté par d'autres navires].

Puis il ordonne la fermeture des portes étanches. Le Titanic amorce un lent virage, mais la manœuvre est effectuée trop tard, l'iceberg n'ayant été repéré qu'à moins de 450 mètres.
L'iceberg glisse le long de la coque, faisant sauter les fragiles rivets et tordants les plaques d'acier (et l'iceberg n'ouvre pas une brèche géante comme on l'a longtemps pensé, seulement quelques ouvertures étroites en tordant les plaques^^).
Dans les 5 premiers compartiments se déclare une voie d'eau, y compris la chaufferie N°6. Le navire pouvait rester à flot même avec 4 compartiments complètements noyés, mais pas avec 5 (d'ailleurs l'Olympic, fini avant le Titanic, avait déjà subi une collision avec un croiseur de la Royal Navy, et même avec 2 compartiments inondés il était resté à flot).
Pendant quelques minutes encore, le Titanic continue d'avancer, augmentant la quantité d'eau entrant dans le navire. Puis le Commandant Smith débarque sur la passerelle, et envoie le 4è Officier Joseph Boxhall vérifier l'étendue des dégâts, avant de stopper le navire, au grand dam de Bruce Ismay qui râle déjà parce que le navire perd du temps sur son horaire pour arriver à New-York.

Pour la plupart des passager, la collision, si elle a été ressentie, n'a été ni plus ni moins qu'un simple frémissement. Ils n'ont aucune idée de la gravité de l'impact, des blocs de glace tombés sur le pont avant. Les stewards passent dans les couloirs rassurer les passagers. On parle d'avoir perdu une pale d'hélice, ce qui arrive de temps à autre sur des navires. Pas d'inquiétude. Et puis le navire est insubmersible: que pourrait-il bien arriver?

23h50: dix minutes après l'abordage, l'eau monte à près de 5 mètres au-dessus de la quille et dans les compartiments avant. Malheureusement, les cloisons étanches ne montent que jusqu'au pont E, ce qui ne rend pas les compartiments totalement hermétiques (de la place a été gagnée pour installer d'autres cabines de Première classe ainsi).

Le navire commence à descendre doucement sous les flots...

Juste un petit approfondissement avant de continuer sur le 15 Avril (et vous noterez qu'à l'heure où je poste il est presque 23h40)

Je reviens juste les ordres donnés sur la passerelle lors de la collision.
On entend souvent dire que Murdoch a fait machines arrières (d'ailleurs dans le film de Cameron, il fait ça).

Cependant, ceci est contesté, car vu son expérience en mer et ses qualifications (je rappelle qu'il était le seul de tous ses collègues à avoir réussi ses examens de marin du premier coup), certains pensent qu'il n'aurait jamais pu commettre une telle erreur.
De plus, dans la salle des Machines, on affirme avoir vu un "Stop" d'abord (ce qui est déjà bien plus logique qu'un Machines Arrières dans le cas présent, même si ce n'était pas le Top en virant^^), et que le Machines Arrière ne serait venu qu'après (ordonné par Moody??)...

En bref le sujet est débattable...

Sinon je me suis aperçu que j'avais oublié de vous donner un chiffre (pas bien important mais bon, pas conscience professionnelle): le Titanic engloutissait 600 tonnes de charbon chaque jour... Moi je trouve ça énorme!

Lundi 15 Avril 1912:

00h00: La mer commence à envahir la Salle du Courrier, 8 mètres au-dessus de la quille. Après une rapide inspection du navire, Thomas Andrews, architecte en Chef du navire voyageant à bord, annonce au Commandant Smith que le navire est perdu: il ne tiendra pas plus de 1h ou 2 selon lui, même avec les pompes en marche (le Titanic coulera en 2h40 minutes).
Smith fait descendre des marins pour activer les pompes afin de gagner quelques minutes supplémentaires, puis demande aux chauffeurs de faire éteindre les feux afin d'éviter une explosion des chaudières. Puis il se rend dans la cabine radio, et demande aux opérateurs de commencer à lancer un avis de détresse (le CQD: [Come Quick Danger] était le signal international en vigueur à l'époque), en leur donnant la position du navire estimée juste par Boxhall (mais fausse): 41°46'N, 50°14'W.
Les cheminées commencent à évacuer le surplus de vapeur (rendu inutile par l'immobilité du paquebot), ce qui réveille Lightoller.


00h05: L'eau monte et atteint la Salle de Squash près de 11 mètres au-dessus de la quille. L'ordre est donné de décapeler les canots de sauvetage et de se préparer à les affaler (sachant pertinemment qu'il n'y en a pas assez pour les 2 208 personnes à bord, au contraire des gilets de sauvetage [qui permettent de flotter mais ne protègent pas du froid]), mais les passagers, persuadés que le navire ne peut pas couler, sont plongés dans la plus grande confusion (tout en restant calmes), confusion entretenue par l'absence d'un plan d'évacuation cohérent.


00h15: les navires environnants captent les signaux de détresse du Titanic et font route vers lui. Parmi eux, l'Olympic (mais je doute que les passagers aient apprécié la blague qu'un 2è Titanic leur vienne en aide^^) et notamment le Carpathia, qui grâce aux actions héroïques de son équipage arrivera 4h plus tard le premier sur les lieux pour secourir les naufragés*). L'orchestre commence à jouer dans le Salon pour aider les passagers à garder leur calme.


00h20: l'eau atteint les quartiers de l'équipage au pont E, 16 mètres au-dessus de la quille. Smith ordonne à des marins de descendre ouvrir les coupées (portes d’embarquement du navire, au pont D) et les fenêtres du pont promenade du pont A (fermé sur la moitié de sa longueur) pour permettre aux canots de prendre plus de passagers pendant la descente. On ne les reverra jamais…


00h25: Smith ordonne l'embarquement des femmes et des enfants à bord. L’opération est menée dans la plus grande confusion, la plupart des marins n’ayant pas été formés pour mettre les canots à la mer, les hommes étant refoulés à bâbord et acceptés ça-et-là à tribord… De plus, de nombreux passagers (surtout des passagères) assaillent le bureau de commissaire de bord au pont C pour récupérer leurs bijoux, argent, objets de valeurs déposés préalablement dans le coffre…
De plus, les passagers, ne prenant pas conscience du danger, préfèrent rester sur le paquebot chaud et lumineux plutôt que d’embarquer sur ces frêles esquifs vacillants au-dessus des eaux noires de l’Atlantique. Ainsi de nombreux canots partiront presque vides…


00h45 : à tribord, Murdoch ordonne de descendre le premier canot de sauvetage, le n°7, ce qui dit déjà tout sur son caractère. Il emporte seulement 28 passagers, alors qu’il a une capacité de 65 passagers et a été testé à Belfast avec 70 hommes à bord…
Dans le même temps, Boxhall commence à lancer des fusées de détresse blanches (aperçues depuis le Californian pendant la nuit, mais sans réaction). Il en sera tiré 8 en tout. L’espoir revient lorsque les lumières d’un navire sont aperçues à 10 ou 15 km sur bâbord…


0h55 : à tribord, le canot n°5 est affalé par Murdoch et Pitman, avec 41 personnes à bord, dont le timonier Alfred Olliver, qui chercha durant toute la descente le bouchon de l’orifice d’écoulement de l’excédent d’eau. Malgré des passagers peu coopératifs, il finira par le trouver et le mettra en place, mais seulement après que le canot ait commencé à prendre l’eau…
Le premier canot de bâbord, le n°6, est chargé et affalé par Lightoller, avec 28 personnes à bord dont la pétulante Margaret « Molly » Brown, épouse d’un chercheur d’or ayant fait fortune mais séparée de celui-ci, qui sera bientôt connue sous le sobriquet de « l’insubmersible Molly Brown » (elle fait partie des « nouveaux riches » et est traitée à bord comme une pestiférée par les autres, qui sont dégoûtées par ses manières « grossières ». Après le naufrage, sa notoriété et son courage lui permettront d’accéder aux cercles auxquels elle aspirait). A bord se trouvent pour tout équipage Robert Hichens (le quartier-maître qui tenait la barre du Titanic au moment de la collision, et qui sera chargé par Lightoller de ramer vers les lumières du mystérieux navire aperçu plus tôt) et le veilleur Frederick Fleet, qui avait aperçu l’iceberg. Au moment où il commence à descendre, Molly Brown s’aperçoit qu’il n’y a pas assez d’hommes pour ramer vers les lueurs, ce qui permet au Major Arthur Peuchen, plaisancier canadien de descendre dans le canot au moyen de cordes pour les aider. Les passagers à bord commencent à comprendre qu’il n’y aura jamais assez de place pour tout le monde…
1h00 : le canot tribord n°3 est mis à l’eau emportant 32 rescapés dont 11 membres d’équipage. Le Colonel Archibald Gracie, historien américain, prend le temps de faire annuler son match de squash du lendemain. Le Major Archibald Butt (conseiller du président américain William Howard Taft) finit sa partie de cartes dans le fumoir de Première classe avec William Carter (propriétaire de la belle voiture Renault embarquée à bord à Southampton^^). Certains hommes de Première classe préfèrent refuser la place qui leur est offerte dans un canot et aident des femmes et des enfants à y monter, pour affronter leur destin plus tard.


1h10 : le canot n°1 quitte le Titanic avec seulement 12 personnes à bord, Murdoch n’ayant plus personne à embarquer dans sa proximité immédiate… A bord 5 passagers, dont Sir Cosmo et sa femme Lady Lucille Duff-Gordon (dessinatrice de mode connue, de nombreuses passagères de première portaient des robes qu’elle avait dessinées), et 7 membres d’équipage. (Plus tard, Sir Cosmo offrira 5£ à chaque membre d’équipage [soit l’équivalent de 3 fois leur salaire mensuel à la White Star^^], prétextant devant la Commission d’enquête avoir voulu faire quelque chose pour ces hommes qui avaient tout perdu, mais il est plus probable qu’il l’ait fait pour éviter de retourner chercher des survivants sur le lieu du drame). Le canot n°8 est affalé avec 39 rescapés, mais sans Ida Strauss, femme d’Isidor Strauss (propriétaire d’un très grand magasin à NY, aujourd’hui remplacé par l’Empire State Building). Après que M. Strauss ait refusé d’embarquer tant qu’il y aurait encore des femmes et des enfants, Ida a préféré rester aux côtés de son mari (ils mourront ensemble dans le naufrage).
L’homme qui pourra avec le plus de classe est vu pour la dernière fois dans le Grand Escalier ; il s’agit de Benjamin Guggenheim, magnat des mines. Lui et son valet son aperçus en tenue de soirée déclarants « Nous sommes prêts à partir en Gentlemen » (la maîtresse de Guggenheim, Mme Aubert, emmenée en laissant la femme de Guggenheim à la maison avec les enfants [un autre scandale], survivra quand à elle).


1h15 : l’eau arrive à présent au nom du TITANIC à la proue, et le navire accuse une gîte sensible sur bâbord. Les passagers aussi bien que les officiers commencent à mieux réaliser le péril et les canots s’éloignent mieux remplis.


1h30 : les canots 10, 12 et 16 sont descendus rapidement. Le canot n°9 déhale avec 56 personnes à bord presque à pleine capacité. Le Titanic gîte maintenant fortement sur tribord. Les appels venants de la salle de radio se font de plus en plus désespérés, Phillips disant qu’ils ne tiendront plus très longtemps. (Phillips est d’ailleurs la toute première personne à avoir utilisé le tout nouveau signal SOS. Plus facile à retenir en code morse, il était aussi plus facile à envoyer, et le Titanic est donc le premier lieu de l’histoire à avoir utilisé le SOS). La panique commence à se répandre. A 1h30, le canot n°14 est affalé avec 60 personnes à bord (presque uniquement des femmes). Le 5è Officier Harold Lowe y prend place sur ordre de Lightoller pour surveiller descente et prendre en charge les canots déjà partis. Il fut obligé de tirer plusieurs coups en l’air avec son pistolet (les armes ayant été distribuées par Wilde un peu plus tôt) afin d’empêcher plusieurs personnes de monter à bord de force. Le canot n°16 est descendu avec 50 personnes.


1h35 : le canot n°11 est chargé et s’éloigne avec 70 personnes à bord.


1h40 : le canot n°13, emportant 64 rescapés (essentiellement des femmes et enfants de 2è et 3è classes) est descendu. Quelques instants après, le canot n°15 juste derrière entame lui aussi sa descente. Arrivé sur l’eau, le n°13 est poussé par une sortie de pompe qui expulse de l’eau et dérive vers l’arrière, et le n°15 descendant sur lui manque de l’écraser ! A la dernière seconde, on réussit à couper les cordages et le n°13 s’éloigne à la rame.
La plupart des canots avant ayant été mis à l’eau, les passagers commencent à se regrouper vers la poupe. Le pont du gaillard d’avant disparaît sous la surface des eaux noires de l’Atlantique, le nid-de-pie n’est plus qu’à 15 mètres au-dessus de l’eau…


1h45 : le canot n°2 est affalé et s’éloigne du bord avec seulement 25 personnes. Le radeau pliable C (engin doté de bordés de toile, l’un des 4 canots supplémentaires excédent la réglementation^^) est chargé aux 2/3 de sa capacité, lorsqu’un groupe d’hommes le prend d’assaut. Murdoch les en empêche en tirant 2 coups de feu.


1h50 : le milliardaire John Jacob Astor (50 ans), l’homme le plus riche du navire, installe sa jeune femme de 17 ans (leur mariage avait fait un scandale et ils s’étaient réfugiés en Europe le temps de clamer les ardeurs ; ils revenaient enfin chez eux) dans le canot n°4 et demande au 2è Lieutenant Lightoller la permission de l’accompagner en raison de sa grossesse, ce qui lui est refusé (à noter que le naufrage du Titanic est le seul naufrage de toute l’histoire même à ce jour où la règle des femmes et enfants d’abord a été appliquée de façon stricte… A bâbord du-moins, c’était le cas…).
Astor recule et reste sur le pont du Titanic jusqu’à la fin (son corps sera repêché plus tard et identifié grâce à ses boutons de manchette et ses initiales brodées sur son col notamment).


2h00 : le radeau pliable C est affalé. Néanmoins, 2 hommes parviennent à se glisser à bord discrètement juste avant qu’il ne soit descendu : John Bruce Ismay, patron de la White Star (un geste qu’il regrettera toute sa vie et qui lui vaudra de grave reproches jusqu’à sa mort en 1937), et William Carter, qui avait refusé d’embarquer avec sa famille sur le canot n°4.


2h05 : le radeau D dernière embarcation affalée de façon normale, touche l’eau après quelques mètres de descente seulement (le radeau D se retrouva amarré aux canots 4, 10, 12 et 14 après le naufrage, et ses occupants ainsi que ceux du canot 14 seront transférés dans le canot n°12 [qui se retrouvera largement surchargé] afin de permettre à Lowe de revenir en arrière chercher des survivants dans l’eau glacée). Wilde le relâche à moitié plein seulement car l’eau monte très rapidement et craignait qu’il ne puisse pas quitter le navire s’il tardait trop. Durant la descente, Lightoller sort son arme et demande aux matelots de former une barrière humaine pour contenir un afflux d’hommes arrivants des ponts inférieurs, ce qui n’empêcha pas 2 hommes de sauter à bord lors de sa descente lorsqu’il arriva au pont promenade, que l’eau atteignait à présent. Lightoller refuse de monter à bord malgré l’insistance de Wilde. Andrew Latimer, Chef Steward, offre son gilet de sauvetage à une femme qui n’en a pas, sachant que son geste lui coûtera la vie…


2h10 : le paquebot coule de plus en plus vite. Smith libère Phillips et Bride du poste de radio, mais ces derniers restent à leur poste jusqu’à ce que le courant électrique baisse trop. On estime aussi qu’à ce moment là, les 5 employés des postes sont noyés, après avoir vainement essayé de remonter les sacs postaux (50 kilos chacun) vers le haut, et que 3 364 sacs sombrèrent…


2h17 : Phillips lance le dernier SOS. Smith ordonne le « chacun pour soi ». Le navire fantôme a disparu depuis un certain temps sans que l’équipage n’ait réussi à le contacter, par radio ou par lampes morses… La passerelle du Titanic s’enfonce sous les flots, libérant les radeaux A (rempli à moitié d’eau car toujours attaché aux bossoirs) et B (retourné lors de la manœuvre pour le descendre du toit). La cheminée avant se détache, se brise et bascule dans l’eau dans un nuage de vapeur et de suie, chassant par les remous produits le radeau B et Lightoller, qui sera aspiré sous l’eau avant d’être propulsé vers la surface par une bulle d’air échappée d’un ventilateur. Bride restera dans une poche d’air sous le canot renversé pendant plusieurs heures, ce qui lui vaudra des pieds sévèrement gelés, mais Phillips n’aura pas cette chance : il succombera de froid dans la nuit sur le canot…


2h18 : la très forte inclinaison (45 ou 50°) fait tomber tous les aménagements, équipements, vaisselle et objets mobiles (non cloués au sol) vers l’avant, produisant un son terrible. Quelques instants plus tard, les lumières (bravement entretenues par tous les électriciens du navire qui périront tous) clignotent une dernière fois puis s’éteignent.


2h20 : dans un grondement de tonnerre, la pression exercée sur la coque brise le Titanic en 2, sur tous ses ponts et jusqu’à la quille, juste devant la 3è cheminée (et non juste après comme dans le film de Cameron).
L’ensemble reste attaché un moment par le double fond de la coque, puis finalement se détache. La proue s’enfonce sous les eaux, descendant d’abord à la verticale (écrasant la vitesse le mât sur la passerelle, la faisant voler en éclats et les cheminées arrachant tous les bossoirs) puis se met à descendre de façon stable (grâce à son hydrodynamisme), avant de s’enfoncer dans la vase au fond de l’Atlantique, à 3 800 mètres sous la surface.
La poupe bascule sur le côté mais s’enfonce sous les flots en restant presque à la verticale (elle ne flotte pas à la verticale quelques instants comme dans le film de Cameron). Cette dernière n’étant pas entièrement remplie d’eau, l’air prisonnier dans la coque la fait littéralement imploser, broyant et déchiquetant le mat et les ponts. Les chaudières restantes tombent au fond de l’océan. La poupe coule en spirale, et arrive au fond de l’eau, où tous les ponts s’écrasent sur eux mêmes, le mât se brise de côté, les machines sont pratiquement les seuls équipements reconnaissables de cette partie car ils dépassent de l’ouverture béante où le navire s’est fendu en 2. Des débris jonchent le sol sur plusieurs kilomètres carrés. De nombreuses personnes sont restées prisonnières des entrailles du navire et se sont noyées.
Plus de 1500 personnes restées à la surface vont périr non pas noyées, mais mortes de froid… Là où naviguait le Titanic peu de temps auparavant, l’océan n’était plus parsemé que de 20 canots, et de débris d’épave… Les survivants ne savaient même pas si des secours étaient en route…
(Aujourd’hui, les experts disent que d’ici quelques années il ne restera du Titanic qu’une masse rouillée difforme et méconnaissable au fond de l’océan. Normalement, à cette profondeur il ne devrait pas y avoir d’oxygène. Mais les bactéries rongent le navire depuis plus d’un siècle maintenant, et se régalent du sulfure de manganèse présent dans sa structure, fait rouiller le navire. Chaque année, 25 camions de 5 tonnes pourraient contenir la rouille du navire…)


3h30 : après avoir cru à une mauvaise blague, l’équipage du Carpathia avait finalement répondu aux appels de détresse du Titanic. Il est le premier à arriver à la position fournie par Phillips, mais le relevé de Boxhall était faux de quelques dizaines de milles nautiques. Après avoir cherché au milieu des icebergs (en navigant à pleine vitesse sans les toucher), le Carpathia est le premier à arriver sur les lieux. Le Commandant Arthur Rostron fait lancer des fusées blanches, aperçues par les naufragés dans les canots, qui répondront à leur tour en faisant brûler des papiers, des chapeaux, des torches de détresse…


4h10 : un canot, le n°2, se range à côté du Carpathia, et ses occupants sont hissés à bord. A l’aube, tous les canots se dirigent vers le Carpathia. Seul le canot n°12 (déjà surchargé) se séparera de la flottille de Lowe pour venir au secours du radeau B renversé et dirigé par Lightoller, debout en équilibre précaire avec les autres sur le canot…


8h30 : les derniers rescapés, occupants du canot n°12 (arrivé le dernier à cause de sa lenteur dûe à sa surcharge) sont hissés à bord. Lightoller est le dernier à embarquer. Le Californian qui s’éveille après une nuit de sommeil (bien qu’ayant aperçu les fusées du Titanic dans la distance avec ses jumelles, le premier officier du Californian n’a fait aucun geste en conséquence). En apprenant la nouvelle, il est le second à arriver sur les lieux. Rostron le laisse conduire une fouille complète du secteur à la recherche de survivants éventuels (il n’y en aura pas).


8h50 : le Carpathia reprend la route vers New-York (il en venait), emportant 705 rescapés (dont la liste est transmise aux bureaux de la White Star à New-York par Harold Cottam [officier Marconi du Carpathia] et Harold Bride [malgré ses pieds gelés, il travailla sans relâche pour aider son collègue]).
D’autres navires arrivés entre temps restent sur les lieux pour aider les recherches du Californian. Ismay télégraphie la nouvelle du naufrage à la White Star. Il occupera la cabine du médecin de bord pendant le voyage retour. D’ailleurs, de nombreux passagers laissèrent leur cabine aux rescapés.
Le naufrage allait faire du bruit dans le monde entier… (à suivre)


*en entendant les appels de détresse de Phillips, Harold Cottam avait foncé sur la passerelle pour prévenir les officiers de quart que le Titanic coulait. Comme aucun ne voulait le croire, il fit irruption dans la cabine de Rostron pour le prévenir. Ce dernier saisit immédiatement la gravité de la situation et commença à donner ses ordres en pyjama…
Il fit ouvrir les coupées, éclaire la coque du navire, demanda de lancer des fusées lorsqu’ils approcheraient de la zone concernée par le naufrage, fit faire préparer de la soupe et des boissons chaudes pour les rescapés, fit préparer ses canots de sauvetage, fit enfermer ses passagers dans leurs cabines pour ne pas les avoir dans les pattes, etc…
Il fit cesser toutes les tâches de routine, et mit immédiatement le cap à pleine vapeur vers le Titanic. Il réquisitionna tous les chauffeurs qui n’étaient pas de quart, et demanda même à faire arrêter le chauffage pour bénéficier de toute la vapeur disponible pour aller au plus vite, lui permettant ainsi de faire à son navire un record de 17,5 nœuds… alors qu’il n’avait jamais été construit pour aller si vite !
Après le naufrage, il reçut de nombreux honneurs, médailles, coupes, distinctions du Congrès des États-Unis, et fut promu de suite Commandant des plus gros navires de la Cunard : le Mauretania et le Lusitania. Son équipage fut également honoré… Le Carpathia quand à lui, fut torpillé pendant la Première Guerre Mondiale…..

Mardi 16 Avril 1912:

Les survivants se réveillent agards sur le pont du Carpathia. Ceux qui croient encore à un mauvais rêve ont force de constater que le cauchemar est bien réel.
Tandis que le Carpathia file vers New-York, survivants et canots du Titanic comme derniers restes, les officiers commencent le pénible travail d'établir les faits de la tragédie et d'établir une liste des survivants.

A New-York, la nouvelle est mitigée. Certains journaux annoncent que le Titanic est sain et sauf, et est remorqué vers NY par un autre paquebot. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles!
Mais le patron du New-York Times, Carr Van Anda, est d'un autre avis. Aucune nouvelle du navire ne peut signifier qu'une chose: il a coulé corps et biens. Il s'informe le plus possible sur la tragédie possible.
Ainsi, dès l'édition du soir, le New York Times est le seul journal à déclarer le Titanic perdu, mais il est aussi le seul à fournir plus d'informations que les autres, présentant les célébrités du bord, le paquebot, etc...

(C'est grâce au naufrage du Titanic que le New York Times a gagné la réputation qu'il a aujourd'hui, et l'édition du Jeudi 18 Avril est encore considérée à ce jour comme la meilleure réussite du journalisme, suivie par celle du 17 Avril...)

C'est triste ...

Oui...

Mercredi 17 Avril 1912:

Des hommes d'affaires, des proches des passagers du Titanic et des curieux se pressent devant les locaux du journal, la Lloyd's (assureur du navire) au Royal Exchange et les bureaux de la White Star à Londres, Southampton et New-York, en quête d'informations.
De nombreux journaux (vendus à la criée) affirment encore que le navire et ses passagers sont sains et saufs.
Mais la Une du New-York Times affirme: "Le Titanic coule 4 heures (en réalité 2h40 je rappelle) après avoir heurté un iceberg, 866 rescapés (705 en réalité) sauvés par le Carpathia, probablement 1 250 morts (plus de 1 500), Ismay sain et sauf, ainsi que Madame Astor peut-être, mais des célébrités portées disparues".

Ce reportage complet, sur le navire, ses passagers et célébrités, sur le Capitaine Smith, et en grand une photo du navire condamné, incita de très nombreux journaux du monde entier à reprendre des informations directement dans le Times...



Mais le plus grand succès de Van Anda était encore à venir...

P.S.: J'ai oublié de préciser que le 17 Avril, la White Star a affrété le navire câblier MacKay-Bennett pour aller depuis Halifax (en Nouvelle-Écosse), avec plus de 100 cercueils à bord et plusieurs tonnes de glace pour conserver les corps, rechercher les cadavres flottants dans l'Atlantique.
Il en retrouvera 306 en une semaine de recherche.
116 dépouilles méconnaissables dans un état de décomposition avancée furent laissées et immergées immédiatement en mer, et les 190 autres acheminées vers Halifax.

Au cours des semaines suivantes, d'autres navires partiront pour cette même tâche macabre, dont le Minia à Halifax (le 22 Avril), le Montmagny à Sorel au Québec (le 6 Mai) et l'Algerina (le 15 Mai). Les navires ne repêcheront en tout que 328 corps sur plus de 1 500 tombés à l'eau... Au total, 150 victimes seront enterrées à Halifax et 59 seront réclamées par des proches pour être inhumées ailleurs...


Jeudi 18 Avril 1912:

L'arrivée du Carpathia à New-York était prévue pour 21h30, ce qui laissait à Van Anda seulement 3 heures pour couvrir le plus grand évènement mondial avant que la première édition ne parte sous presse à 0h30. Il loua un étage entier dans un hôtel, près du quai de la Cunard, et y installa ses rédacteurs ainsi que 4 lignes téléphoniques reliées directement à la salle de rédaction du New-York Times. Il envoya également 16 journalistes couvrir tous les aspects de l'évènement, même si il était prévu qu'aucun journal ne serait admis sur le navire jusqu'au départ de tous les survivants. Les journalistes et les photographes qui les accompagnaient se répartirent à l'avance la tâche de chacun pour couvrir les différents aspects de l'évènement, et le sens de l'organisation de Van Anda porta ses fruits.
La première édition du Vendredi matin consacrait 15 pages (sur 24) au Titanic, dont une interview exclusive de Bride, sommet journalistique de toute la tragédie.
Van Anda a réussi ce coup de chapeau de la façon suivante: Gugliemo Marconi, l'inventeur de la radio sans fil (TSF) en usage à l'époque (surtout en mer) comptait s'entretenir avec Bride et Cottam. Comme Van Anda était un bon ami de Marconi, il le persuada de le faire monter à bord du Carpathia en compagnie de Jim Speers, journaliste réputé du Times.
Grâce à un stratagème, Speers pu donc monter à bord avec Marconi avant tous les autres journalistes, et à la demande de Marconi, Bride fournit à Speers un récit détaillé et complet du désastre.
Le lendemain donc, ce récit paraissait mot pour mot à la Une du Times, sur 5 colonnes. L'article est toujours considéré comme le plus poignant de l'histoire du journalisme.

A 21h30 donc, tandis que le Carpathia arrive à New-York, de nombreuses embarcations de photographes se pressent autour du navire. Mais avant d'accoster au quai de la Cunard, il remonte l'East River jusqu'au quai de la White Star Line pour y décharger les canots de sauvetage du Titanic, derniers vestiges massifs du paquebot.
Puis il revient au quai 54 de la Cunard pour y laisser débarquer les survivants, dont les épreuves ne sont pas finies, vu ce qui va les attendre à terre...

De très gros pavé illustrant d'une excellente manière la fin tragique du navire (RIP aux passagers...)
Sinon, dans le pavé du 15 Avril, tu dis que des lumières ont été aperçu à 10-15km. ne serait-ce pas (probablement) le Samson par hasard?

C'est absolument le Samson, qui à l'époque opérait de manière illégale pour la pêche dans l'Atlantique. Craignant que les fusées de détresse du Titanic ne soit les fusées d'une pêcherie du gouvernement, le Samson prit la fuite...
Témoignage recueilli sur le lit de mort du Premier Officier du Samson...
Mais les enquêtes officielles étaient convaincues qu'il s'agissait du Californian, puisque l'équipage du Californian avait remarqué les fusées, avait cru remarquer que le navire prenait de la gîte, puis vers 2h20 (dernière heure du Titanic) qu'il était parti...

Vendredi 19 Avril 1912: (et non c'est pas encore fini! )

En ce jour à 22h30 s'ouvrait l'enquête officielle du Sénat américain sur la catastrophe (et durerait jusqu'au 25 mai). On dit qu'elle fut exigée dans le seul et unique but de prouver une négligence, et donc de trouver des responsables pour donner aux survivants de nationalité américaine la chance de poursuivre des actions en justice...
En 17 jours de témoignages sur 5 semaines, le Sénateur William Alden Smith (aucun lien de parenté avec E.J. Smith le commandant du Titanic) utilisa sa position pour diriger les interrogatoires, posant de nombreuses questions stupides, car il ne connaissait strictement rien à la navigation maritime...
Les audiences rempliraient plus de 1 145 pages de rapports divers...

Avant même la fin des enquêtes américaines, le Ministère du Commerce Britannique (qui avait joué un rôle majeur dans la tragédie en n'exigeant un nombre de canots que très faible...) lança sa propre enquête. On remarqua dès le début que les magistrats avaient comme objectif de disculper le Ministère et la White Star des accusations de négligence (cela nuit à la réputation du pays), et trouver un coupable à qui faire porter le chapeau. 96 témoins seront entendus (dont seulement 3 passagers), notamment Lightoller (plus haut gradé survivant) et plus de 25 622 questions seront posées (dont 1 600 à Lightoller)...

Mais il fallait un bouc émissaire (même si Ismay était villipendé par l'opinion publique pour avoir survécu quand tant d'autres sont morts), et Lord Mersey, le procureur en charge de l'affaire n'eut aucun mal à le trouver...
Parvenant aux même conclusions que le Sénat américain malgré les contradictions, le Commandant Stanley Lord, commandant du Californian fut blâmé comme l'homme indigne de la catastrophe pour n'avoir pas répondu aux appels de détresse du Titanic (car personne n'avait connaissance de la présence du Samson à l'époque).
De nombreuses études prouvèrent ainsi que le Californian n'était qu'à 8 km de distance du paquebot en détresse, et non 30 comme indiqué par l'équipage, qui affirmait par ailleurs qu'un navire de la taille du Titanic aurait été reconnaissable d'aussi près, alors que le navire qu'ils avaient aperçu cette nuit était bien plus petit.
Mais tout élément en la faveur de Lord fut ignoré, et Lord, détruit et sa carrière ruinée, fut obligé de démissionner...

Samedi 20 Avril 1912:

Rien à signaler, l'enquête américaine se poursuit, les foules se massent toujours devant les bureaux des responsables, la tragédie occupe la Une de l'actualité...

Ce jour aurait dû être le jour de départ pour le Titanic pour son retour en Europe...